Voici un petit rappel de l’histoire de la baleine :

Dans la nuit du 14 au 15 janvier 1885, une baleine s’échouait sur la plage

L’animal le plus gros de la planète, le rorqual bleu !

Retours sur un échouage

- Tout a commencé ce petit matin enneigé du 15 janvier 1885, quand le fils du fermier des Morel a remonté la rue principale de Luc-sur-mer en hurlant : " Y’a un monstre, là-bas, à la brèche du moulin.". Le temps de reprendre son souffle et de raconter au maire, du haut de ses 8 ans, la raison de son agitation, et tout le village lui a emboîté le pas. Mais arrivé à la limite de Langrune, de l’autre coté de la douvette, ruisseau qui sépare les 2 communes Luc et Langrune, une énorme baleine s’était échouée sur la grève. Alors que les plus courageux s’approchaient du " monstre ", un douanier courait prévenir le docteur Delage, au laboratoire maritime que l’université de Caen avait justement installé à quelques centaines de mètres de là, près de la plage de Luc-sur-Mer. Pendant que le maire de Langrune (la baleine est sur son territoire) met en place des gardes autour de l’animal pour éloigner la foule qui s’enhardit et voudrait bien en emporter un morceau en souvenir, le docteur Delage fait les premières constatations. C’est une baleine commune, un rorqual ( "gorge rainurée " en langue nordique) Si l’on en juge d’après les rainures qui courent sur son ventre du menton au nombril, un mâle de près de 19 mètres de long et 12 de tour de taille. Son poids est estimé à 40 tonnes. On n’avait pas vu pareil morceau sur les côtes normandes depuis bien longtemps.

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- Les baleines émigrent l’hiver des mers boréales où elles vivent habituellement vers les eaux chaudes des mers tropicales pour la mise bas et parfois pour l’accouplement. La baleine a-t-elle été entraînée vers l’est par les courants d’entrée de la Manche jusqu’à Barfleur, puis rabattue vers la côte du Calvados ? Enfin bref, elle est bien là. Mais, devant ce cas particulier (la baleine est considérée comme une épave au sens légal) il faudra attendre une semaine avant d’obtenir les autorisations d’entamer la dissection et la naturalisation du mammifère marin, largement le temps de laisser se propager la rumeur... et l’odeur pestilentielle dégagée par le cadavre en décomposition.

- Toute la région voulait avoir vu la " baleine de Luc ". Et oui, bien qu’échouée à Langrune, on dira toujours la "baleine de Luc ", sans doute parce que c’est le laboratoire maritime de Luc qui s’est chargé du dépeçage, et que, pour aller la voir, on descendait à la gare de Luc-sur-Mer.

- La compagnie de chemin de fer de Caen avait d’ailleurs mis en place des rotations de 21 trains par jour, et malgré ça, des centaines de curieux devaient rester sur les quais de Caen, faute de place dans les wagons bondés. Les plus chanceux partaient vers la côte, et à plusieurs kilomètres de Luc sentaient déjà l’odeur abominable du cétacé en pleine décomposition. Ce qui n’effraiera pas le fabriquant de savon et de parfum Julienne, à Caen, le fondateur de l’actuelle parfumerie Lefort, qui viendra acheter la graisse de la baleine pour en faire du savon.

- Une fois le dépeçage terminé le squelette a été vendu à la ville de Caen et exposé pendant 42 ans dans l’ancienne église ST-SAUVEUR, puis transféré au jardin des plantes en 1927.

- En 1937, la ville de Caen envisage la destruction pure et simple.

Le maire de Luc-sur-mer propose de récupérer le squelette pour le remonter dans le nouveau parc municipal.

- On pêchait la baleine en Normandie au temps de Guillaume le Conquérant, en la rabattant pour qu’elle s’échoue dans les "plantas", les trous d’eau restant à marée basse. Depuis, la baleine a disparu de la Manche. Pourtant, avec de bonnes jumelles, et beaucoup de patience, on peut espérer observer des cétacés sur les côtes normandes de juin à octobre, du haut des falaises, sur les îles, ou plus sûrement à bord d’un bateau au large.